Georges Item est un peintre suisse qui a travaillé jusqu'à sa mort en 1990, à Saint Rémy de Provence dans le sud de la France, au cœur des Alpilles.

Il a laissé une œuvre abondante personnelle et solitaire, jusqu'à ce jour encore peu connue.

L'Association Maison Item a pour but de promouvoir l’œuvre du peintre pour la faire connaître durablement et assurer sa pérennité.

Puissiez-vous y découvrir un art qui ne doit rien aux modes mais tout à l'émotion profonde d'un homme.
 


Association Maison Item
Chemin de Challendin, 17
CH-1224 Chêne-Bougeries (Genève), Suisse.
Tél: +4122 348 1343

 
Françoise Item
 
PORTRAIT D'UN PEINTRE

On l'appelait le "taiseux". Homme des montagnes, de son pays d'origine les Grisons, il ne s'exprimait guère que dans sa peinture. Durant ses 60 ans d'existence, il n'a jamais pu faire autre chose : dessiner. Mais qu'avait-il dans l'œil pour transformer ainsi les apparences, que possédait-t-il qui me fascinait ? Je n'ai jamais vécu qu'avec des peintres, moi qui ne savais pas tracer une ligne significative. Je ne rêvais que d'écriture, mais n'ai à aucun moment regretté de m'être si volontiers vouée à la peinture et à ses desservants. Car ce "taiseux" travaillait comme un moine, un moine qui accueillait avec joie ses amis l'arrachant à son atelier, leur servait un "canon", était tout au plaisir de l'échange.
 
Georges Item dans son atelierSans doute étions-nous deux passionnés ? Lui actif, moi plus passive, heureuse de préparer les toiles, de les tendre, de les encadrer, d'y intéresser l'entourage. Maintenant, ne l'ayant plus à mes côtés, j'ai une galerie, que j'ai appelée Maison Item, pour perpétuer son oeuvre et sa figure. Et j'expose des amis artistes, ne pouvant vivre sans garder le contact avec ceux qui créent, leur insatiable besoin de dire avec des formes et des couleurs le monde qui les habite.
 
Il a dessiné mes chèvres, nos chiens, nos chats, les Alpilles qui nous abritent, mon métier à tisser, le boule de la laine, Mireille et moi qui passions nos journée à teindre et à tramer les écheveaux, lançant la navette, rattachant un fil, déroulant les pièces de tissu et supputant ce que nous allions en faire. Nous étions les artisans d'un monde de matière et de beauté, si heureux de nos activités. Passionnés.
 
Lithographe de formation, tout au long de la vie, il a couvert des papiers couchés de tracés à l'aveugle. Car il entamait ce support de traits invisibles, d'une sûreté de main à toute épreuve. Au couteau, au stylet, au burin, à la lame de rasoir, tout ce qui portait son dessin était outil de son oeil. Recouvrant ensuite la feuille de craie lithographique ou de cire pigmentée, il effaçait finalement la couleur pour ne laisser apparaître que les surfaces ou lignes entaillées et révélait ainsi une composition merveilleuse. Magie qu'il coloriait légèrement selon son humeur ou laissait en noir et blanc. Beaucoup de ses œuvres ont été données ou vendues à des amis. Il me reste 300 peintures à l'huile et à la cire.
 
Le soir, souvent, après la promenade des chèvres, la traite et la confection des petits fromages en faisselle, j'entrais dans son atelier. Nous ne parlions guère. Regarder me suffisait. Lui n'expliquait jamais.
 
Il est arrivé que des semaines entières, il ne puisse créer. Alors il restait silencieux, regardait des toiles inachevées, étudiait des livres d'art. Puis, emporté par une nouvelle soif, il imaginait et réalisait une oeuvre imprévue, ajoutant des groupes au passage, des couples, des femmes, des animaux, ou bouleversait l'ordre établi dans une évocation allusive frisant l'abstraction.
 
Vers la fin de sa vie et se pressentant condamné, durant deux années, il n'a peint que des anges. À l'aquarelle, sur papier Japon. Oeuvres subtiles, immédiates, évocations ou invocations ? Il ne l'a jamais dit et ne s'est pas prononcé sur son inspiration.
 
Bienne, 2003

 

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